Comment as-tu préparé ton rôle ? Est-ce que tu as lu ? Fais des choses particulières ?
Non pas du tout, je l’ai fait de façon instinctive. Je me suis attelée à travailler plus sur la technique, comme il y avait beaucoup de boulot et que je savais que la télé ça allait vite, j’ai appris beaucoup mon texte en amont. Je connaissais déjà un mois et demi de texte à l’avance. Je crois que j’ai bien senti et compris le personnage assez immédiatement, j’ai cherché nos points point communs… Et puis avec le réalisateur on a fait beaucoup de répétitions, beaucoup de relectures avec Nicolas [Mercier]… On a même fait quelques changements de textes, des petits ajustements pour que ce soit mieux dit en bouche.
Quelles sont les différences entre un tournage ciné et télé ? Avais-tu des a priori négatifs sur la télé ?
Bien évidemment J’avais des a priori sur la télé, et je les ai encore quand je vois tout ce qui s’y fait de nos jours, ce n’est pas toujours à la hauteur. Ce qui m’énerve, c’est qu’on dise que les programmes diffusés sont là pour répondre aux demandes des téléspecteurs alors qu’au final ils ne regardent que ce qu’on leur propose et c’est souvent bien loin de leurs attentes ! Avec Clara Sheller, j’ai trouvé un projet d’exception, loin de la télé formatée comme on en a l’habitude, pour une fois il n’y a ni flic, ni juge, ni avocat…Rien que pour ça Clara Sheller sortait de l’ordinaire. Ce qui m’était proposé était mieux que du cinéma dans la mesure où l’on ne m’avait jamais proposé un tel rôle. Par rapport au coté technique ce qui change c’est le rythme ; au cinéma on tourne deux minutes utiles par jour alors que pour une série télé c’est huit minutes. Mais au final ça sert beaucoup plus les acteurs, c’est plus difficile pour les techniciens parce qu’il faut changer de plan sans arrêt. Ce qui est bien pour nous, les comédiens, c’est aussi le fait qu’on soit toujours sur le plateau alors qu’au ciné on attend dans nos caravanes entre deux prises et ça peut durer une, deux heures…et après quand on revient il faut à nouveau se remettre dans l’ambiance. Pour Clara j’allais juste faire mes raccords maquillage, je me changeais et on tournait ! Du coup on se sent beaucoup plus investit dans l’histoire du film. Nous sommes tous réunis et tendus vers le même but, c’est un beau travail d’équipe, c’est très motivant.
A quoi ressemble le tournage sur Clara Sheller ?
Je me suis beaucoup amusée, je devenais même grivoise à la fin du tournage. Il y avait une ambiance « rigolote » sur le plateau. Il est difficile de parler d’une journée de tournage type, dans la mesure où nous tournions des choses complètement différentes chaque jour. On commençait tôt ; c’étaient de grosses journées, qu’on ne sentait pas passer ! Tourner pour la télé nous permet de rester dans une espèce d’énergie en permanence. Nous étions bien, tout était joyeux, on s’aimait tous beaucoup, je sais que c’est un peu consensuel de dire ça, que tous les acteurs le disent mais là pour le coup c’est vraiment vrai ! Donc des journées bien remplies dans la bonne humeur, même s’il y avait des moments plus graves mais comme on passait du rire aux larmes sans arrêt ce n’était jamais lourd et pesant.
Ce n’était pas difficile de quitter Clara ?
Non parce que ça fait partie du métier d’acteur, c’est très technique. Devant la caméra on donne les émotions et après on coupe. Évidemment c’est triste de se quitter mais, parallèlement, on est content d’avoir mené un travail à bien. Et puis Clara, c’est du jeu je crois, bien sur ça demande beaucoup de sérieux et de travail enfin pas toujours, des fois la concentration consiste à se déconcentrer. Parfois j’aime bien chantonner, rigoler… D’ailleurs la première scène que je devais tourner avec Patrick et François, était une scène difficile puisque nous devions jouer tous les trois, assis par terre et en train de rigoler. C’était notre premier jour de tournage, on ne se connaissait pas bien, on a donc demandé s’il était possible de boire un peu de champagne pour se détendre [rires].
Quelle scène fut la plus dure à mettre en boite ? La plus cool à tourner ?
J’ai attendu pendant des semaines une scène ou Clara devait se mettre à pleurer dans l’ascenseur. Je la redoutais, puisque habituellement les scènes ou Clara pleure sont amenées, l’émotion à le temps de nous gagner, mais là je devais pleurer d’un coup comme ça. Je guettais le jour ou cette scène arrivait, c’était vers la fin du tournage d’ailleurs et puis ça s’est bien passé. Pour la partie « cool » je ne peux pas te dire, j’ai un souvenir global du tournage, il y a eu tellement de scènes. J’ai bien aimé la scène avec les Rita Mitsouko, qu’on a beaucoup travaillé en amont, puisqu’elle me rappelle certains moments de la vie de tous les jours, quand tout le monde rigole autour de soi, alors que de notre coté, on est dans notre bulle, un peu mélancolique, observant tout ça de loin. Parfois je me sens bien dans la mélancolie, c’est ce qui nous entraîne.
Qu’attends-tu dans la troisième saison ?
Le gaz Hilarant [rires]. Qu’est-ce quelle n’a pas fait notre Clara ? Je crois qu’on suit tellement son âge, qu’ils y a des choses qui vont se mettre naturellement en place. Voilà, j’attends les nouvelles responsabilités qui vont s’imposer à mon personnage.
Nicolas, pour toi Clara Sheller est-elle exportable ?
L’avantage c’est qu’avec Clara Sheller, on a trouvé une héroïne bien française, elle se prend la tête comme seule une française peut le faire. Les américains, si on prend Sex and the city par exemple, n’ont pas la même façon de fonctionner, ils ne raisonnent pas pareil. Ils ont tendance à tout classer, en France on est plus perméable, on mélange plus les choses. Clara elle est un peu plein de femmes en même temps, elle s’analyse et je trouve que c’est une particularité bien française. Et puis ça a le charme de la France, avec Paris. D’ailleurs pour la première saison ça me faisait penser à la célèbre photo de Doisneau, les amoureux devant l’hôtel de ville.
Pour la saison 3 pouvons-nous espérer plus de six épisodes ?
[Rires] Non, il y en aura six, je sens que huit c’est trop. Déjà six c’est énorme, et je me demande comment j’y arrive encore tout seul.
Un grand Merci à Zoé et Nicolas pour cet entretien!